Lorsque paru en 2012 l’arrêté préfectoral approuvant le plan de prévention des risques d’inondation du val de Vienne, la plupart des habitants de Noyers trouvèrent que les autorités avaient usé du principe de précaution avec excès puisque tout le village était classé en zone d’aléa fort et même très fort pour une douzaine de maisons proches de la Vienne.
De ce fait devenait impossible toute nouvelle construction d’habitation sur les terrains du village et les extensions des maisons existantes étaient soumises aux respects de nombreuses normes.
Pourtant, dans le souvenir des habitants, Noyers n’avait jamais été recouvert par les eaux. On racontait bien que les plus anciens avaient vu le bourg légèrement baigné par la Vienne, sauf le centre, ce qui paraît plausible au vu des cotes de la crue de 1896 qui a inondé la rue Émile Champigny par les divers fossés. La crue est d’ailleurs marquée sur le pilier droit de la seule maison de cette rue.
Il n’y a pas de doute, la Vienne a été dangereuse et non seulement les vieux manuscrits en font état, mais aussi les traces laissées par nos aînés sur les murs des bâtiments et églises.
L’église de Marcilly, juste en face de l’abbaye nous livre un intéressant témoignage de ces débordements avec ses nombreuses marques gravées dans le tuffeau.
La plus vieille crue recensée est celle de 1530.
Un moine qui a écrit l’histoire de l’abbaye nous dit que cette année-là les rivières de Vienne et de Creuse débordèrent et montèrent si haut que la plupart des maisons du bourg tombèrent par terre.
Mais la crue la plus importante qu’ait connue la Vienne est celle du 13 juillet 1792, marquée à Marcilly. Elle a atteint la cote record de 43,39 m.
Sachant que le point culminant de Noyers est à 42,50 m, (14 rue Pierre Cantault), il y avait 0.9 m d’eau à cet endroit et près de 2.80 m au tilleul du bout de la rue.
L’abbé Chevalier, dans l’histoire de Noyers selon les chartes, nous dit que cette crue est marquée à Noyers. Nous avons trouvé dans une maison la plaque marquant cette crue, mais nous ne savons pas où elle était apposée.
Elle devait sans doute être sur l’angle de la Conciergerie comme l’est la rue de 1896.
Pour terminer donnons le niveau de la crue de 1962 qui a légèrement inondée la dernière maison de la rue Pierre Cantault. Elle a atteint la cote de 8 m à Noyers le 1er avril soit 41,28 m sur l’échelle NGF. Photo
A niveau de sol constant, il y avait donc 2m d’eau en plus en 1792 !
D’autres marques de crues sont marquées sur le soubassement de la conciergerie. Sans doute celles que le bulletin IX n°2 1988 des amis du Vieux Chinon indique, les crues de 1661 et de 1740, Celle de 1740 se devine, mais impossible de trouver celle de 1661 qui témoigne que la conciergerie, rebâtie en 1760, l’a été sur les anciennes fondations.
Mais n’alarmons pas les nucériens car rien n’est identique à ce passé. Des bassins de décharges ont été créés, les cours des rivières se sont modifiées et de nombreux barrages hydro-électriques régulent les cours d’eau.
La Creuse, la Vienne et ses affluents comptent vingt-cinq barrages en amont de Noyers, ce qui n’existait pas en 1792 !
Pour plus d’informations, consulter www.reperesdecrues.fr