L’église de Sainte-Maure détient depuis des siècles des reliques de nombreux saints et saintes, les principales étaient dans le passé, bien sûr celles de sainte Maure et de sainte Britte, mais aussi de saint Blaise. Les restes des saints étaient dans une châsse d’un grand prix, nous dit Carré de Busserolle. Elle mesurait 76 cm de long sur 46 cm de haut. Elle était couverte de lames d’argent, avec dans des niches contenant six figures de chaque côté.
Malheureusement au fil des ans, une part importante de ces reliques a disparu et encore il y a quelques années celles exposées derrière l’autel. Malgré cela, il reste quelques reliques des saintes dans d’autres reliquaires qui, pour des raisons de sécurité, ne sont plus exposés au public et sont conservés en lieu sûr.
Les reliquaires
Le plus précieux est classé au monument historique depuis le 8 juin 1892.[1]
Ce reliquaire était à l’origine une horloge datant du milieu du XVIe siècle. Elle a été présentée lors d’une exposition à Tours en 1887.
Léon Palustre, archéologue et président de la société archéologique de Touraine, la décrit ainsi dans le catalogue de l’exposition :
Le mouvement d’horlogerie a été enlevé et à sa place on aperçoit, au milieu d’enroulements de papier, des reliques indiquées par l’inscription suivante : sainte Maure et sainte Britte.
Si l’on excepte la plaque à charnière du revers, qui présente intérieurement et extérieurement la même rosace gravée, l’horloge est tout entière en cuivre fondu, ciselé et doré.
Pour ajouter à son élégance, on a ajouré la coupole du pied et l’ornementation en relief de la tranche se détache sur un fond pointillé. Enfin, quatre trous, au pourtour inférieur, démontrent que ce monument était autrefois fixé sur un socle plus ou moins élevé.
[1] Références PM 37000432. La fiche Popculture du ministère de la Culture peut être consultée à cette adresse : https://urlz.fr/iLiL
Il existe au total huit autres reliquaires.
Le
Les noms des divers saintes et saints sont indiqués sur les ossements. Ils sont souvent difficilement lisibles.
Nous avons déchiffré saint Donat, sancta Candida, sancti Honesti, sancta Honorata et sainte Celestine, Benigni, Victoris, Victoriae, Innocent et Clementiae, de saint Macaire, sainte Flavie, saint Jacques, sainte Victoire, saint Marcial, saint Sévère, saint Felix, saint Eugène, saint Faustin.
Le reliquaire de gauche contient un seul ossement marqué Sta Maura V. M
Quant à la châsse de droite, c’est celle donnée par Gédéon Desaché en 1849. Elle est dans l’abside. Elle rassemblait les reliques violées en 1847 mais elles ont été volées il y a quelques années. Elle ne contient plus rien
Les procès verbaux de visite
Il était habituel, dans le passé, que les autorités religieuses vérifient les reliques. À cette occasion, un procès-verbal était établi. Le plus ancien date du XIIIe siècle.
Les voici, classés par date:
- Carême année 1267
En 1267, après le dimanche où est chanté le Reminescere[1], les têtes des Saintes Vierges Maure et Britte ont été extraites, à la demande de Guillaume, seigneur de Sainte-Maure et de Noyers, par le révérend Père Vincent, archevêque de Tours, à l’époque de l’abbé de Noyers appelé Matthieu. Les reliques ont été extraites d’une boite en argent et les corps des Saintes Vierges sont restés dans ladite boite.
[1] Premier mot de psaume latin 25-6 « Souviens-toi… », prière adoptée par les anciennes liturgies comme « introït » du 5e dimanche avant Pâques, d’où la désignation de ce jour par ce mot latin.
- 12 Décembre 1450
Il s’agit d’un bref [1] du pape Nicolas V[2].
Le parchemin, scellé d’un plomb au nom du pape, stipule que, sur le réquisitoire du curé Pierre Guiot et des paroissiens de Sainte-Maure, permission et pouvoir sont donnés à monseigneur l’archevêque de Tours d’ouvrir la châsse et de l’exposer au peuple comme contenant les reliques de saint Blaise, de sainte Maure, sainte Brigide et certaines autres vierges et martyres.
Il est signé P de Spinosis, scribe du Pape. [1] Un bref pontifical est un acte administratif du Saint-Siège appelé ainsi à cause de sa brièveté.
[2] Tommaso Parentucelli, né le 13 novembre 1397 à Sarzana, fut le 208e pape de l’Église catholique sous le nom de Nicolas V du 6 mars 1447 au 24 mars 1455.
- 30 juin 1454
Ouverture de la châsse le 30 juin 1454 par Jean Bernard, archevêque de Tours, en présence de monseigneur Ricard, évêque de Constance, de l’abbé de Noyers Guillaume de Chavigny, de Jean d’Estouteville, seigneur de Sainte-Maure, de Georges Guiot recteur de Sainte-Maure et d’autres nobles personnes. Les reliques sont exposées à la vénération du clergé et du peuple.
- 8 Novembre 1666
Le 8 novembre 1666, Louis Denis, prieur-curé de Saint-Hilaire de Tours, en vertu de l’ordre et commission donnés par monseigneur Victor le Bouthillier, archevêque de Tours, en présence de Louis Berruyer, curé de Sainte-Maure et Thibault Dupont, premier fabricier, visita les reliques dans une châsse, longue de 2 ½ pieds sur 1 ½ pied de hauteur, couverte de lames d’argent, avec dans des niches six figures de chaque côté. Les lames d’argent étaient couvertes de cristaux.
La châsse contenait vingt-cinq grands ossements comme de bras, de cuisses, de jambes et côtes et plusieurs autres petits.
- 6 Avril 1667
L’année suivante, monseigneur le Bouthillier, archevêque de Tours, souhaitant faire rendre tout le culte qui est dû aux reliques des saints, permet d’exposer les reliques à la vénération du peuple en l’église de Sainte-Maure le dimanche 24 avril. Il demande aux curés des paroisses voisines de s’y rendre en procession avec leurs paroissiens.
- 13 mai 1761
Monseigneur Henri Bernardin de Rosset de Fleury, archevêque de Tours, ouvrit la châsse en présence de monsieur Martin, curé de Sainte-Maure. Le contenu était identique à la description de 1666 et contenait les procès-verbaux de 1267, de 1450, de 1454, de 1666 et la permission de 1667.
Les reliques étaient au nombre de 25 grands ossements, de 25 moyens, de 3 dents et plusieurs autres petites parties d’ossements. Elles ont été présentées à André Lefebvre, chirurgien à Sainte-Maure qui a reconnu des ossements humains.
Le procès-verbal a été remis dans la châsse.
Carré de Busserolle ne parle pas de ce procès-verbal.
- 30 novembre 1793 et le 18 avril 1795
Louis Martin, curé de Sainte-Maure durant la Révolution, prit l’initiative de cacher les reliques pour les préserver des révolutionnaires.
Il rédigea un compte-rendu le 30 novembre 1793 dans lequel il rapporte qu’ayant appris que les ossements de sainte Geneviève, patronne de Paris, après avoir été arrachés de leur châsse, avaient été publiquement brûlés en place de grève, par suite d’une décision de la commune, il résolut de soustraire à une pareille profanation possible les reliques de sainte Maure et sainte Britte. Il choisit, pour exécuter son projet, un jour de foire, estimant que ce jour-là, pendant le tumulte des affaires, il échapperait plus sûrement à la surveillance de ses ennemis. En conséquence accompagné de personnes dévouées, il se transporta à l’église et là il fit sauter la grille qui défendait la châsse. Il en enleva le coussin, les titres et le sac contenant les ossements et il fit transporter le tout, secrètement, chez madame veuve Champerault, l’une de ses fidèles paroissiennes.
Il compléta le compte-rendu le 18 avril 1795 lorsque, de retour de prison où il était resté 14 mois, il vint les reprendre. Après s’être assuré de son intégrité, il plaça le sac contenant les reliques, avec ses accessoires, dans une châsse en bois qu’il conserva sous l’autel de son oratoire jusqu’à la réouverture des églises.
- 12 avril 1858
Elles furent vérifiées par Jean-Jacques Bourassé, chanoine de l’église métropolitaine le 12 avril 1858, suite à une commission donnée par monseigneur Guilbert, archevêque de Tours. Parmi les témoins Rémi Billard, curé doyen de Sainte-Maure.
À la suite de la visite des reliques en 1858, l’ensemble des documents a été mis dans une enveloppe scellée des armes de J Hipp Guibert, archevêque de Tours, sur laquelle il est écrit
Les procès-verbaux des visites peuvent être consultés à la page suivante.