D’une très ancienne famille rurale appréciée depuis des siècles, Adrien Jahan est né le 12 février 1909 à la ferme des Gaudeberts et il est décédé tout près de là, le 25 octobre 1975 aux Doucets où il habitait avec sa famille et au centre des terres servant son entreprise.
Adrien Jahan fut un modèle de conscience civique. Conseiller municipal de 1945 à 1975, il s’est beaucoup préoccupé du tracé de l’autoroute A10 et a agi efficacement auprès de la commission départementale des sites lorsque le projet prévoyait de la faire passer trop près du village martyr de Maillé ou du château d’Argenson.
Entrepreneur, il reprit la petite entreprise de pépinières créée par son père Victor en 1905.
Il développa l’activité dans la ferme des Doucets à Maillé qui eut jusqu’une quinzaine de salariés. Ses fils Raymond et Claude la reprendront en 1975 continuant de la faire progresser. C’est surtout pour cette activité de pépiniériste qu’il était connu.
À son décès, le 25 octobre 1975, ses enfants eurent la surprise de trouver dans ses papiers, un trésor historique dont ils ignoraient tout, ne l’ayant jamais vu travailler à ses recherches qu’il n’avait jamais évoquées en famille.
Si sa famille ignorait ses travaux, ce n’était pas le cas des sociétés savantes de Touraine et lors de ses funérailles, Pierre Leveel, historien très connu et ancien Président de la Société Archéologique de Touraine, lui rendit hommage évoquant
« la perte d’un chercheur local des plus précieux, ayant une profonde connaissance des choses et des gens d’alentour. Avec patience, il allait prendre des notes sur les registres de l’état civil, sur les minutes notariales ; il faisait parler les anciens qui lui révélaient des faits presque oubliés. Il fréquentait les archives départementales et adhéra à la Société archéologique de Touraine en 1961 avec pour parrain Maurice Béguin, Directeur des archives, Henry Moreuw, Président du syndicat d’initiative de Richelieu et l’abbé Bourderioux.
Adrien Jahan a consigné dans plus de cinquante cahiers d’écolier une foule de renseignements sur ce pays qu’il aimait. Certains de ces cahiers sont de simples notes cursives, d’autres sont remis au propre afin de constituer des monographies.
On y trouve des faits d’histoires des communes, des lieux-dits, des familles illustres ou modestes »
En plus des cahiers précités, Adrien laissait quelques milliers de minutes notariales des 16e, 17e, 18e et 19e siècles[1], acquises on ne sait où, de nombreux autres papiers sur des thèmes de la région, une bonne centaine de petits fascicules ou livres imprimés sur tous les lieux célèbres de la Touraine et une magnifique bibliothèque de plusieurs dizaines de livres en édition originale du 19e siècle, voire avant, magnifiquement reliés.
[1] M. Raymond Jahan a remis ces minutes aux Archives départementales.
Ami de l’abbé Bourderioux, il lui donna les actes notariés relatant des faits divers méritant d’être contés et c’est à cette source que le bon abbé prit ses informations pour plusieurs articles parus notamment dans les bulletins des Amis du Vieux Chinon (devenus depuis la Société d’Histoire de Chinon, Vienne et Loire).
Ami aussi d’André Montoux, il lui signala et l’accompagna pour lui présenter plusieurs bâtiments méritant d’être cités dans ses « Vieux logis de Touraine ».
Lorsque Pierre- Georges Castex, professeur à la Sorbonne, spécialiste de Balzac[1], fit des recherches pour situer les lieux cités dans « Eugénie Grandet » et notamment l’abbaye de Noyers, c’est encore Adrien Jahan qui lui fournit toutes les informations sur les propriétés et lui fit visiter les lieux.
Comme on le voit, Adrien Jahan, qui n’avait pas poussé ses études plus loin que le certificat d’études, était devenu un érudit et une personnalité de référence pour tout ce qui touchait l’histoire de la région de Sainte-Maure.
Sa passion ne se limitait pas aux archives historiques, puisqu’il laissa aussi à ses enfants des dizaines de vieux outils qui sont allés récemment enrichir un musée et des centaines de minéraux et fossiles
Son fils, Monsieur Raymond Jahan a retrouvé une grande partie des cahiers et en a fait don à la Société Patrimoniale de Sainte-Maure et de sa région.
Après divers recoupements, nous pensons qu’il y avait 66 cahiers dont on trouvera la liste et le détail en cliquant sur le lien ci-dessous.
[1] Voir Eugénie Grandet, édition P-G Castex chez Garnier, 1983. ISBN 9782737000140
Mais il en manque 13 qui semblent concerner les communes suivantes:
- Buxeuil,
- La Celle (avec des informations des bulletins paroissiaux de 1902-1912.)
- Les Ormes
- Parçay sur Vienne
- Ports (1 ou 2 cahiers)
- Pouzay (4 cahiers)
- Sainte Maure (4 cahiers)
- Sepmes
Peut-être sont-ils dans les archives municipales ou paroissiales, voire chez un particulier.
Si vous avez connaissance d’un de ces cahiers manquant, je vous remercie de m’en faire part.