Au début du 11e siècle, un seigneur local nommé Hubert, seigneur de Noyant, souhaita créer une abbaye selon les règles de Saint Benoit pour le salut de son âme et de celles de ses parents. Sa piété religieuse était son unique raison de fonder un monastère selon d’anciens documents.
Afin de réaliser son projet, il acquit de Malran, seigneur de Nouâtre, une petite église située à Noyers consacrée à la Sainte Trinité et à la mémoire de Sainte Marie, Mère de Dieu. Un manuscrit nous dira que cette église avait la qualité de Basilique.
Elle était située sur la parcelle aujourd’hui cadastrée 355b.
Pour rendre le monastère indépendant, Hubert dota celui-ci, outre de l’église et des terres environnantes, de terres, prés et vignes, qu’il possédait à Chargé, à côté de Razines, et à Doucé, à côté de Rilly.
Selon les coutumes de l’époque ces terres furent données avec serfs et servantes.
Le fils d’Hubert, Thomas, qui était clerc, donna également des terres situées à Chezelles au bord de la Bourouse, petite rivière qui se jette dans la Vienne en amont de L’Ile Bouchard.
Afin d’asseoir durablement la création de cette nouvelle abbaye, Hubert recueillit l’assentiment de Foulque Nerra, comte d’Anjou et de son fils Geoffroy Martel de qui dépendaient ces terres.
Il réclama également la confirmation de cette création au Roi Robert II dit le Pieux, fils d’Hugues Capet, qui concéda son diplôme de fondation à la fin de l’année 1030. Cette confirmation permettra à l’abbaye de revendiquer la qualité d’Abbaye Royale.
Charte de fondation de l’abbaye datée de 1030
Au nom de la Sainte et Indivise Trinité, moi, Robert, par la grâce de Dieu, roi de France.
La présentation de biens temporels, que la piété des hommes offre pour le service du culte divin aux lieux saints et aux congrégations de fidèles, de par la dévotion de leur esprit, procure consolation tant pour la vie présente que pour la vie éternelle, comme le prouvent déjà maints exemples : tous doivent donc, en commun, s’appliquer à une distribution de biens si pieuse et s’y efforcer le plus possible. Il convient aussi que Notre Grandeur approuve de telles personnes et confirme de son plein gré leurs demandes.
Sachent donc l’ensemble des fidèles vivants de notre Sainte Mère Église et la postérité de ceux qui leur succéderont, qu’un homme pieux, nommé Hubert, voulant, dans une église consacrée à la Sainte Trinité et à la mémoire de Sainte Marie Mère de Dieu, rassembler des moines sous la règle de saint Benoît, et pour le salut de son âme et pour celui de celles de ses parents, obtint l’église susdite d’un certain Mauran, avec l’assentiment et volonté du comte Foulque et de Geoffroy, son fils, car elle dépendait de leur bénéfice.
Or la susdite abbaye est située au bord de la Vienne, dans un village qui se nomme Noyers. Le même, ainsi que le clerc Thomas, probablement son fils, donna ses biens à cette abbaye, à savoir l’alleu de Charçay, avec serfs et servantes, avec prés et vignes et tout ce qui dépendait de cet alleu même, l’alleu aussi de Doucé, avec prés et vignes, terres cultivées ou incultes ; de plus, le susdit Thomas, son fils, donna l’alleu de Chavagne situé sur le fleuve « Donusium », avec prés et champs, pour le service des pauvres qui, chaque jour, selon le précepte du Seigneur sont reçus, suivant la coutume monastique, pour le lavement des pieds.
Et pour que, par l’autorité royale, le susdit Robert établisse en les confirmant et confirme en les établissant aussi bien la donation de Mauran que l’assentiment et volonté de Foulque et de Geoffroy, il s’adressa à Notre Altesse Sérénissime, me priant humblement de confirmer de ma main et de marquer de mon sceau cette convention et donation ; et, comme cela se constate, c’est ce que j’ai fait. De plus, je décide et prescris, de par ma volonté royale que celui qui par malheur -ce qu’ à Dieu ne plaise – viendrait à forcer ou à violer le cloître du monastère ou le cimetière, ou même qui viendrait à voler ou enlever par violence quoi que ce soit de l’alleu où est située la basilique, s’acquitte de cent livres d’or au trésor des moines ; mais s’il n’a pas à sa disposition une rançon de ce prix, il se livrera lui-même aux moines, en ajoutant le serment, et tout ce qu’il pourrait posséder ; celui-là, tant qu’il aura tardé à le faire, sera frappé d’anathème perpétuel.
Donné en public à Orléans, en l’an mil trente du Verbe Incarné, en la quarante-troisième année du roi Robert.
Moi, Baudoin, chancelier, j’ai soussigné en relisant.
Traduction Paul Letort
De plus, le Roi Robert prescrivit que celui qui, par malheur, viendrait à forcer ou violer le cloître du monastère ou du cimetière, ou encore à voler quoi que ce soit des terres de l’église, devrait s’acquitter d’une amende de 100 livres au profit du trésor des moines. Il déclara aussi que celui qui n’avait pas cette somme devrait se livrer aux moines avec tout ce qu’il possédait.
Selon l’abbé Chevalier, si la charte de fondation ne dit pas d’où furent tirés les religieux pour cette fondation, tout laisse à croire que ce fut de Marmoutier et que le premier Abbé fut Ebrard, également Abbé de Marmoutier qui, par ses rares mérites, était capable de conduire plusieurs abbayes ensemble. De plus à la mort d’Ebrard, Marmoutier et Noyers (mais également Saint-Julien dont Ebrard était également Abbé) furent privés d’Abbé.
Ces religieux entreprirent donc la construction du monastère. Leur travail fut facilité par le don de Geoffroy Martel et de sa femme Agnès de terres comprenant la moitié de la Vienne côté sud. Cela permit aux moines de traverser la rivière sans payer de droits.
C’est donc avec des pierres extraites de la carrière ouverte sur le coteau opposé que s’édifièrent les bâtiments.
L’Abbatiale fut terminée en 1032 et consacrée par Arnoul, archevêque de Tours sous le vocable de « tous les saints ». On verra au chapitre « Abbatiale » l’évolution de la dédicace pour devenir « Bienheureuse Vierge, Mère de Dieu », l’usage devenant Notre Dame de Noyers.
Le coteau de Marcilly est exploité depuis près de 1000 ans.
Il servit longtemps de carrière de pierres de tuffeau.
En 1881 on construisit au lieudit Le Sourd 4 fours à chaux et 400 m de voies ferrées pour le transport de la pierre. On voit encore la trace de ces fours qui fonctionnèrent jusqu’en 1962.