Noyers et la Justice.
L’Abbaye avait droit de Haute justice (c’est-à-dire pouvait prononcer des peines capitales). Jusqu’en 1372, les fourches patibulaires (gibet), où les condamnés étaient pendus, étaient proches de la rivière et les visiteurs voyaient « cette chose laide et abominable de près ».
Dans une lettre du 26 juillet 1372, Isabeau de Craon, dame de Sainte Maure et de Nouâtre permet aux religieux de transférer leurs fourches patibulaires au Bois aux Moines, à condition que l’abbé lui offrit chaque année un chapeau de fleurs.
Le Bois aux Moines existe toujours aujourd’hui. On le trouve au sud de Noyers, sur la gauche après la Quintaine.
Lettre d’Ysabeau de Craon, dame de Noastre du 25 juillet 1372
Collection Dom Housseau n° 3701 Tome VIII page 232
A tous ceux qui ces présentes lettres verront Ysabeau de Craon, dame de Sully, de Sainte Maure et de Noastre, salut.
Sachent tous que comme les religieux, abbé et couvent de Notre Dame de Noyers aient en leur ville haute justice, moyenne et basse, laquelle ville est environnée de notre châtellenie de Noastre, ci et en telle manière que quand il convient pour leurs justices, aucun malfaiteur faire exécuter et pendre aux fourches, ils ne peuvent faire leurs fourches que elles ne soient au ras des murs de leur dite ville et les dits religieux ni autres comme Seigneurs et dames qui ont accoutumé à hanter en leur dite ville et abbaye ne peuvent aller en leur ébat sur le fleuve de Vienne qu’ils ne voient lesdites fourches et le malfaiteur ou les malfaiteurs si ils y sont, laquelle chose est laide et abominable à voir de si près.
Ils nous ont requis sur ce nous leur … pour … en aucune manière de notre grâce pour ce est il que nous qui par tout notre temps avons eu très grande et parfaite dévotion et affection et encore avons et aurons au temps avenir au dit lieu et que de tout temps sont advenus et adviennent encore chacun jour très beau et grand miracle et que nos prédécesseurs Seigneurs de Sainte Maure et de Noastre ont eut très grande dévotion et affection à ladite église et pour demeurer monseigneur, nous et nos héritiers perpétués ès prières et bienfaits de ladite église, nous, autorisée de notre cher et … Seigneur Monsieur de Sully, avons donné et octroyé, donnons et octroyons de notre certaine science et comme bien conseillée et avisée de notre fait aux dits religieux et à leurs successeurs à toujours mes perpétuellement à héritage, pouvoir, congé et licence de faire lever et tenir fourches en leur lieu appelé « le bois aux moines » auquel lieu ils ont seulement que grande vouerie* séant au-dedans de notre dite châtellenie de Noastre et que leur justice et office puissent faire mener ou traîner les malfaiteurs si le cas s’y offre de leur dite ville jusque aux dites fourches par notre grand chemin ou par ou par là où ils les mèneront aucun droit de justice sont en cas … dis et notre droit sauve en toutes autres choses
et pour ce rendront à nous et à nos successeurs perpétuellement à héritage par chacun an au jour de la Fête-Dieu en notre Chastel de Noastre un chapeau de roses tant seulement et célébreront en leur dite église par chacun an une fois une messe … de Notre Dame et une autre de Saint Esprit et promettons en bonne foi, pour nous, nos bien loin et successeurs tenir cette présente grâce, don et octroi, ferme et stable et tenable à tous temps, mais sans jamais faire ne venir encontre et pour ce que ce soit chose ferme et stable et perpétuellement tenable, nous avons fait apposer notre sceau à ces présentes en témoignage de vérité.
Donné à Tours en notre conseil le vingt cinquième jour de juillet de l’an de grâce mil trois cents .
*juridiction d’un avoué civil ou ecclésiastique
PS l’orthographe a été actualisée mais le style laissé intact.
Nouâtre est tantôt écrit Noastre tantôt Nouastre.
« … » mot qu’il n’a pas été possible de traduire
Noyers et Louis XI.
Dans son « Itinéraire de Louis XI dauphin », (Baratier et Mollaret, 1886) Ulysse Chevalier nous dit que Louis, qui a 23 ans et qui n’est encore que le dauphin, passe à Noyers en octobre 1446.
Pierre Champion quant à lui, retraça à travers les livres de compte de la maison du roi, l’agenda de l’année 1471. (Calendrier royal pour l’an 1471. Grasset, 1928). Il nous dit que » le 8 juillet le roi passe à Nouâtre, faisant son offrande devant les reliques de monseigneur saint Révèrent dans l’église paroissiale ».
Passa-t-il à Noyers ?
Dans ce même livre, toute l’année le roi montre une grande dévotion pour Notre Dame et durant toutes ses pérégrinations, il se recueille et fait des offrandes devant les autels, statues et églises dédiées à la Vierge. Il serait étonnant qu’il n’allât point à 2 km de l’église paroissiale de Nouâtre se recueillir au monastère dédié à Notre Dame.
Évolution du monastère.
La guerre avec les Anglais aux 14e et 15e siècles fut une source de calamités pour toute la Touraine et les monastères eurent beaucoup à en souffrir.
À peine élu Abbé en 1458, Maurice de Parthenay, entreprend la reconstruction du chapitre avec le dortoir au-dessus.
En 1474, l’abbé Raoul II du Fou du Vigean fait élever le cloître et ses armoiries y figuraient encore au moment de sa destruction au XIXe siècle.
Noyers et Charles VIII.
Le 22 Octobre 1484, le conseil de Régence du Roi Charles VIII adresse des lettres patentes aux religieux de l’abbaye de Noyers pour recevoir en leur abbaye un « pouvre viel gendarme nommé Jehan Duserne »