Parmi les reliques détenues par l’abbaye de Noyers figurait une bague réputée être l’anneau nuptial offert par saint Joseph à la Vierge Marie.
Dom Gilbert Gérard rédigea en 1681 un long panégyrique sur cet anneau, en même temps qu’il écrivit l’histoire du monastère.
Selon les écrits d’un autre moine, dom Pierre Cosson, cet anneau avait été ramené de Jérusalem par Gautier, moine de Noyers, qui accompagnait son cousin Gautier de Montsoreau lors de la première croisade qui s’étendit de 1095 à 1099.
Ce voyage est corroboré par la charte 251 qui nous dit qu’effectivement ce Gautier a participé à la première croisade, accompagné de son cousin.
Cet anneau était donc en possession du monastère depuis la fin du 11e siècle.
Il était composé de quatre cercles d’or joints ensemble, pesant 8 pistoles (environ 54 g), surmontés d’une agate de couleur blanche sur fond brun, d’un pouce de large. Elle représentait, en relief, un homme et une femme se faisant face. Entre les deux, il y avait l’inscription grecque Αλφεός σύν Αρέθωνι.
L’anneau était vénéré par les moines et par les populations des environs qui venaient dévotement l’embrasser lors de certaines fêtes. Six siècles après être parvenu à Noyers, à force d’être embrassé, le relief était très usé.
Mais à la fin du 17e siècle, cette origine commença à être mise en doute. L’anneau fut soumis à l’examen d’un médecin tourangeau helléniste, Jacques Du Poirier.
Celui-ci lut l’inscription grecque Αλφεός σύν Αρέθωνι, ce qui veut dire Alphée et Aréthuse, symbole d’amour et de mariage, et reconnut les têtes du général romain Germanicus et de sa femme Agrippine.
L’objet était donc profane.
Il conseilla au prieur de le retirer du trésor des reliques et de ne plus l’exposer à la dévotion des fidèles, ce qu’il fit aussitôt.
Un moine, dom Ambroise Le Pelletier, relata ces faits en 1699 à la congrégation de Saint Maur par une lettre à dom Mabillon avec un moulage en plâtre de l’agate, ce qui nous permet d’avoir aujourd’hui la représentation de cet anneau.
Vers 1701, le prieur envoya l’anneau à Paris où la bague fut vendue. Quant à la pierre, elle fut acquise pour le cabinet d’antiquités de l’abbaye de Saint Germain des Près.
Il semble que la pierre demeura dans à Saint-Germain-des-prés jusqu’à la révolution, mais elle a aujourd’hui disparu.
Il est à noter que l’anneau de la Vierge de l’abbaye de Noyers n’est pas le seul à avoir été signalé.
Calvin en cite un, conservé à Pérouse en Italie. J-A Collin de Plancy en énumère quatre, celui de Pérouse et ceux des églises Santa Maria in via lata à Rome, de Semur en Auxois en Côte d’or et à l’abbaye d’Anchin dans le Nord. Pierre Gasnault ajoute qu’il en existait un cinquième au 17e et 18e siècles dans une église proche de Noyers, au prieuré Notre Dame de Cunault en Anjou.
Cette page doit beaucoup à la communication de Pierre GASNAULT, secrétaire de la société de l’école des chartes, présenté à la Société nationale des antiquaires de France lors de sa séance du 14 mars 2001.
Cette communication peut être lue intégralement par ce lien.★